lundi 17 mai 2010

Il ne suffit plus de travailler pour les jeunes MRE, il faut travailler avec eux





Plaidoyer pour un pôle jeunesse au sein du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger


PAR KHALIL RAIHANI
Libération : 12 - 04 - 2010

Les jeunes ne sont pas un objet mais des acteurs qui participent à part égale avec les adultes. Les décideurs politiques, les jeunes et les chercheurs doivent travailler la main dans la main pour garantir une participation active de notre jeunesse MRE: participation, autonomie, co-responsabilité, diplomatie parallèle, renforcement des capacités, co-développement, diversité, dialogue interculturel et interreligieux.
Par cet appel, nous souhaitons faire entendre la voie des jeunes MRE du monde. Il ne suffit plus de travailler pour ces jeunes, il faut travailler pour et avec eux. Nous souhaitons que nos hautes instances ainsi que le CCME considèrent la jeunesse comme une priorité de travail, de plaidoyer avec et pour que la jeunesse MRE bénéficie de plus d'appui et qu'elle soit aussi une priorité de nos décideurs politiques. Il est grand temps que la jeunesse MRE prenne son importance dans les politiques publiques de notre pays.
L'objectif pour nos jeunes, c'est de participer dans le pays d'accueil et aussi dans le pays d'origine. Utiliser les synergies pour construire une personnalité forte, équilibrée, riche de sa diversité culturelle, ethnique, cultuelle, et amener les autres à croire que notre diversité et notre double appartenance sont une vraie richesse, une opportunité et un atout pour les pays d'accueil et le pays d'origine.
Cette réalité doit être claire pour notre jeunesse, pour faire face à nos propres représentations et à celles de l'Autre (des bayna bayn, ni d'ici ni de là-bas – éviter une crise identitaire), car notre jeunesse MRE est un pont de dialogue entre notre pays le Maroc et les autres pays (de résidence, d'accueil, d'étude, d'immigration, de mobilité..). Notre responsabilité collective est de la soutenir pour qu'elle continue à faciliter la communication, l'aider dans sa mission de compréhension mutuelle et de rapprochement avec l'Autre, pour réduire les représentations négatives et les préjugés des uns et des autres.
Nos jeunes par leur participation globale dans les sociétés où ils vivent, (participations culturelle, politique, professionnelle et sociocommunautaire) ont leur mot à dire, et sont une vraie perspective et une opportunité pour les pays d'accueil (démographique, professionnelle, multilinguisme pour les société d'export, interculturelle…) et aussi pour le pays d'origine (les projets de co-développement, des bases de données de jeunes compétences pour le transfert et le partage du savoir-faire, effets multiplicateurs pour participer aux grands chantiers du pays d'origine, nouvelles formes et forces de proposition pour accélérer le développement du pays d'origine).
Nos jeunes ne participent pas politiquement dans le pays d'accueil, sont mal représentés ; il y a une crise de représentativité, ils peuvent influencer les politiques locale, régionale et nationale de leurs pays d'accueil, mais ils ne prennent pas conscience de cela.
Il est grand temps que cela change, qu'une stratégie soit établie avec des axes bien définis afin de relancer une participation active des jeunes ici et ailleurs et dès maintenant.
- La formation des leaders jeunes MRE et de responsables des organisations des jeunes RME : Sur la participation active des jeunes, la citoyenneté, le plaidoyer et la visibilité des jeunes de la diversité, sur le montage de projet de co-développement et la création des synergies jeunesse entre nos jeunes du monde et le Maroc
- Des simulations et des ateliers pratiques pour travailler sur le bien-être de notre jeunesse MRE, sur ces priorités et sur ces attentes
- La création d'un mécanisme qui organise et structure ce travail, car c'est l'avenir de notre jeunesse, et c'est ainsi que nous préparons la relève, et un devenir pour nos enfants. C'est notre part de responsabilité d'aujourd'hui, on doit l'assumer, nous serons évalués un jour, voire questionnés sur cela demain, par nos enfants, par les générations futures, des jeunes MRE du monde.
- Si tu m'expliques j'oublie, si tu me montres je me souviens, si tu me fais participer je comprends. Les jeunes doivent trouver leur place au CCME, correspondante à leur pourcentage, et surtout pour réussir toute politique vis-à vis des MRE. Nous voulons nous baser sur une méthodologie de travail caractérisée par l'apprentissage mutuel, par le développement et le renforcement de compétences en faisant, par la résolution des conflits, le travail collaborateur par l'utilisation des NTIC pour plus de rayonnement et d'efficacité des initiatives de nos jeunes et de notre pays.
- Des conférences, des manifestations culturelles, des réseaux sociaux informatiques, des blogs, des stages de formation sur la citoyenneté, la diversité, les minorités, le plaidoyer, le co-développement, le management démocratique, la diplomatie parallèle des jeunes, le leadership démocratique, l'apprentissage de la langue arabe, le culte, les sujets d'actualité qui intéressent notre jeunesse MRE, la culture marocaine, la gastronomie, l'artisanat marocain, la musique marocaine dans sa diversité, les pratiques culturelles marocaines, ici et ailleurs ; des manifestations qui célèbrent notre jeunesse, son engagement, sa participation politique positive (élection marocaine et celle du pays d'accueil). Nombreuses sont les actions, il est urgent de les structurer, il est urgent d'avoir un mécanisme avec une stratégie de travail claire et qui répond aux attentes de notre jeunesse MRE.
- Une jeunesse organisée et dotée de moyens. Elle doit être une force de propositions pour des solutions, donner son avis sur les sujets qui concernent les jeunes, et pour une implication dans les grandes causes nationales (Sahara marocain, diplomatie parallèle, grands chantiers, et un bien-être pour nos jeunes, nos enfants et nos chibanis MRE et aussi ceux du Maroc).
- Nous avons confiance en nos décideurs. Nous savons que pour l'intérêt général, ils accorderont une écoute active à cette demande légitime ; nous ne sommes contre personne ; nous ne sommes pas une partie isolée nous voulons travailler côte à côte avec toutes les forces vives du Maroc ou d'ailleurs, pour les idéaux de justice, des droits humains, pour la co-responsabilité et le co-management en ce qui concerne les jeunes et surtout la lutte contre les discriminations et pour l'égalité des chances.

Khalil Raihani Strasbourg

* Membre du Réseau des formateurs du Conseil de l'Europe - Direction 
jeunesse et sport-,

*Lauréat du Centre d'études diplomatiques et stratégiques de Paris,

* Consultant en politique de jeunesse.